Un
bref historique :
(Sources
: www.lebergerallemand.fr)
Dans
l’Allemagne du XIXème siècle, aucune race homogène de chien de
berger ne se profile de manière précise. On trouve alors ce
qu’on peut plutôt nommer des types régionaux : les bergers de
Wurtemberg, de Thuringe, de Souabe, de Bavière, de la Hesse… (Fiorone,
1997).
Dans
les années 1870, la crise rurale liée à la révolution
industrielle entraîne la baisse du nombre de chiens de berger; elle
engendre cependant un regard différent sur ces animaux précieux.
La disparition progressive mais irréversible des traditions de la
campagne crée en effet une mode culturelle de découverte des
valeurs rurales qui transforme le chien de berger en chien de
compagnie en ville (Teich Alasia, 1993).
D’autre
part depuis 1871, l’Allemagne, sous la houlette prussienne de
Bismarck, vit à l’heure centralisatrice. Contrairement aux Français
qui essayent de sélectionner différents types régionaux de chiens
de berger, les Allemands préfèrent créer une race nationale,
symbole de la rigueur et de la qualité allemande (De Wailly et
Dupont, 1993).
Dès
1877, certains éleveurs font une première sélection à partir de
deux types:
•
le Berger de Wurtemberg, grand et solide, au poil sombre et épais,
à la tête forte et aux oreilles tombantes, au fouet frangé et
porté en sabre, dont le travail consistait à protéger les
troupeaux en montagne. Il est très proche de l’actuel Hovawart.
• le Berger de Thuringe, au poil court et gris, avec une ossature
moyenne, aux oreilles droites et à la queue en trompette, et dont
la rapidité et la vigilance en faisaient un remarquable conducteur
de troupeaux.
Les
produits de ces premières expériences en matière d’élevage
sont extrêmement hétérogènes.
Cependant le succès commercial de ces animaux est notable,
certainement à cause de la ressemblance de certains d’entre eux
avec les loups (Teich Alasia, 1993).
Dès
1878, des éleveurs allemands tentent d’établir un groupement
pour créer un type particulier, et dans son chenil prussien « César
et Minka » situé à Zakna, Otto Friedrich élève des chiens de
berger qu’il vend dans toute l’Europe ; ce qui permit sans doute
d’infuser un sang neuf pour la formation de races locales dans les
pays frontaliers comme la Belgique.
Le 16 décembre 1891, le comte Von Hahn et le capitaine
Riechchelmann, de Dunau, créent une association de race, le Phylax.
Possédant déjà des sujets de taille moyenne, à oreilles droites
et à queue portée basse, leur préoccupation s’oriente désormais
surtout sur l’esthétique, mais des dissensions naissent, entraînant
la disparition du groupement en 1895. En effet, certains éleveurs
souhaitent conserver une ligne d’élevage du Berger de Thuringe,
alors que d’autres préfèrent mêler Berger de Thuringe et Berger
de Wurtemberg, pour obtenir un chien rapide, fiable, avec un caractère
à la fois équilibré et dur (Ortega, 1994).
Von
Stephanitz pose les fondations de la race
Le
Capitaine Max Frederic Emile Von Stephanitz, né à Dresde en 1864,
va alors devenir le véritable père du Berger allemand grâce
à une rigueur dans la sélection qui ne s’est jamais départie
durant ses 34 années de conduite de la race.
En 1897, il acquiert en Bavière la ferme de Grafath et, le 3 avril
1899, au cours d’une exposition à Francfort, il a le coup de
foudre pour un jeune chien de troupeau gris et jaune de souche
Thuringe, Hector Von Linkshrein, qu’il achète. Rebaptisé Horand
Von Grafrath, il est le premier chien inscrit dans le livre des
origines du Berger allemand (Schäferhund Ruchtbuch).
Von
Stephanitz, qui est un homme d’action avant tout et veut imposer
un type de berger national va, le 22 avril 1899, créer avec
d’autres éleveurs, tel son ami Arthur Meyer, le Club du Berger
allemand, c’est-à-dire le Verein für deutsche Schäferhund ou
Union du Chien de Berger allemand, appelé en abrégé SV (Schäferhund
Verein).
Le
28 septembre 1899, le premier standard de la race est publié afin
de fixer les règlements et les critères de jugement. Von
Stephanitz, en insistant pour que tous les chiens travaillant sur
troupeau soient admis d’office, annonce la ligne de conduite qui
sera conservée jusqu’à nos jours, qui veut qu’un Berger
allemand soit avant tout un chien de travail. Selon lui, « est
Berger allemand tout chien de berger qui vit en Allemagne et qui, grâce
à un exercice constant de ses qualités de chien de berger, atteint
la perfection de son corps et de son psychisme, perfection appréciée
uniquement sous l’angle de l’utilité. »
Von
Stephanitz poussera également propriétaires et éleveurs à
utiliser cette race en multipliant les concours de chiens de
troupeau et, dès 1901, les premiers concours de chiens de police.
En 1903, le SV publie d’ailleurs les règlements pour
l’utilisation et le dressage du chien de police. Von Stephanitz a
compris que le Berger allemand, chien polyvalent, possédait des
aptitudes utiles en de nombreux domaines, pouvant être chien
sanitaire (une association est crée en 1893), mais aussi chien de
l’administration (police, douane, armée).
Pendant
la Première Guerre Mondiale, l'armée allemande bénéficie de
l'aide de milliers de Bergers allemands qui accomplissent
d'innombrables missions: sentinelles, porteurs de messages ou de médicaments,
traînant les brancards jusqu’aux blessés, etc..
Parmi les 28 000 chiens utilisés pendant la Grande Guerre, l'un
d'eux, Romeo, permit de sauver 37 blessés (Ortega, 1994).
Au
lendemain de la guerre de nombreux chiens bien dressés retrouvent
la vie civile.
La
légende commence, les anciens combattants racontent leurs
exploits. De nouveaux amateurs les rejoignent et s'aperçoivent des
milles qualités de ces chiens.
C'est
enfin au tour de la France de découvrir le Berger allemand.
Ainsi en 1920, Georges Barais, un industriel du textile, crée la
Société du Chien de Berger d'Alsace, la fin des hostilités étant
trop proche pour que soit donnée au chien qu'on aime une origine
ennemie...
Moins de deux ans plus tard son origine allemande est reconnue (De
Wailly et Dupont, 1993).
Naissance
du Berger allemand moderne
Après
cette guerre, le Berger allemand, qui a fait preuve de ses
innombrables qualités, est très demandé et les éleveurs le
produisent en nombre pour satisfaire aussi bien leurs concitoyens
que les pays étrangers de plus en plus passionnés par la race. Il
s'en suit un éloignement du type, avec des chiens de plus en plus
grands et hauts sur pattes, au caractère douteux.
Pour prévenir ces excès est créé en 1922 le Körbuch, livre de sélection
qui complète le Livre des origines, afin de préserver les qualités
de caractère à l'origine du succès de la race; y étaient
enregistrés après examen par un juge, les seuls sujets aptes à la
reproduction.
Von
Stephanitz est particulièrement vigilant concernant le choix des
reproducteurs. Ainsi au championnat de 1925, il donna le titre à
Klodo Von Boxberg, un chien gris et feu plutôt petit, plus long que
la norme jusque–là appréciée, au caractère bien trempé. Ce
chien marque le début d'une ère nouvelle, qui voit apparaître des
chiens beaucoup moins rustiques et dotés d'une harmonie physique
moderne.
En quelques années, la SV passe de 10 000 à 50 000 membres, nombre
exceptionnel pour l'époque (Teich Alasia, 1993).
Le
standard de la race est modifié en 1930, toujours dans le sens de
l’utilité avant tout. Von Stephanitz qui s’éteint en 1933, après
avoir bien servi la race pendant 34 ans, laisse derrière lui un
ouvrage de plus de 1000 pages remplies d’anecdotes sur le Berger
allemand.
Pendant
la Seconde Guerre mondiale, le Berger allemand va être utilisé à
tous les niveaux et par toutes les armées du monde. En 1935 en
Allemagne, le chenil principal est à Hummersdorf à l’école du
service de renseignement de l’armée, mais bientôt chaque région
possède son chenil (Ortega, 1994).
Malheureusement au lendemain de la guerre, le Berger allemand,
injustement associé aux Nazis, provoque la méfiance et cesse d'intéresser
les acheteurs étrangers, particulièrement les Anglais et les Américains
(Teich Alasia, 1993).
C’est
seulement dans les années cinquante que la race recommence à se développer.
Les successeurs de Von Stephanitz tirant les enseignements du passé,
poursuivent son œuvre dans le même esprit. Il peut d’ailleurs être
considéré que l’histoire moderne du Berger Allemand commence
avec le Championnat d’Allemagne de 1951 et la consécration d’un
sujet qui marque fortement l’évolution physique de la race: Rolf
von Osnabrücker Land, chien très typé se caractérisant par des
innovations morphologiques, au niveau de la puissance, du cou
notamment, et de l’épaule. Un pas dans l’évolution de la race
est franchi.
Un
second tournant a lieu dans les années soixante-dix, avec
l’apparition de la silhouette au dos descendant, qui lui procure
une allure plus rasante ainsi que, dit-on, plus d’aisance et
d’endurance dans le trot.
Cela est possible grâce à la participation de trois importants
reproducteurs, très différents mais complémentaires: Canto von
der Wienerau, Quanto von der Wienerau et Mutz von Peltztierfarm.
Leurs descendances croisées fixent les caractéristiques
morphologiques du Berger Allemand de nos jours.
La
fin des années soixante-dix est marquée par la seule descendance
de ces trois grands étalons, et il faut attendre la moitié des années
quatrevingt pour avoir de nouveau une grande révolution: l'arrivée
de deux fils de Palme von Wilsteiger Land, une étonnante femelle
capable de transmettre les particularités anatomiques, Uran von
Wilsteiger Land et Quando von Arminius, qui domineront cette période
et seront les seuls à l’origine de la race actuelle.
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Caractère
et tempérament :
Le
berger allemand est un chien vigoureux, aux proportions
harmonieuses, une superbe mécanique bâtie pour le mouvement,
doté d'un caractère docile qui se prête aux emplois les plus
divers. Chaque parcelle de son corps semble avoir été taillée
pour le sport ou le travail.
Des membres musclés pour courir et sauter, un museau allongé
pour recueillir la moindre molécule odorante, des oreilles
dressées pour percevoir chaque son, une mâchoire puissante
pour attraper fermement et un poil dense et rude pour résister
aux intempéries.
Très connu, mais aussi trop souvent méconnu, cette
super star du monde canin a porté le lourd fardeau de sordides
histoires souvent imputables aux maîtres.
Heureusement les actes de bravoure dont il fait régulièrement
preuve pour secourir les personnes en détresse, son immense fidélité
à l'égard des siens, sa bienveillante omniprésence et l'équilibre
parfait de son caractère lui ont permis de garder cette place
toute méritée, celle d'un souverain indétrônable, celle de roi
des chiens.
Race
l'une des plus populaires et identifiable par tous, il est
reconnu pour sa polyvalence, réputé pour son intelligence et apprécié
pour son dévouement et sa loyauté envers son maître. Le berger
allemand a la réputation d'être le chien d'un seul maître,
d'être très protecteur et méfiant à l'égard des étrangers.
Cette méfiance naturelle en fait un très bon chien de garde
et il défendra spontanément son territoire contre les intrus.
Naturellement obéissant et à l'écoute de son maître ses
aptitudes à l'éducation et au dressage sont particulièrement
bonnes.
Le berger allemand demande un maître qui se comporte tel un vrai
chef de meute, inflexible et juste.
Il
fait preuve de force, d'intelligence et de souplesse. Ses mouvements
et son comportement révèlent des aptitudes physiques et morales
qui font de lui un chien de travail toujours prêt à l'action. Dans
l'ensemble il donne l'image d'une noblesse naturelle et d'une
confiance en soi imposant le respect.
Sensible sous des dehors fiers, le Berger Allemand ne s'épanouira
pas dans un climat de brutalité. Mais trop d'indulgence ne lui
convient pas non plus. Une certaine souplesse, mais un minimum de
fermeté en feront un animal heureux de vivre, vigilant et
consciencieux, mais également réfléchi, bref méritant toute
confiance.
Éminemment
sportif et très endurant, le Berger Allemand a bien évidemment
besoin d'exercice. Cette dose d'exercices ne se mesure pas
en kilomètres mais plutôt dans le temps que le chien passe en étant
vraiment associé aux activités de son maître.
Ce travailleur-né doit avoir l'illusion de tâches à effectuer,
sinon il s'en inventera: le plus souvent garder le jardin en
l'absence des maîtres. Son instinct territorial l'y pousse, mais à
sa guise, et peut être contre les passants, les autres chiens, les
merles... Il a absolument besoin d'une éducation élémentaire, si
vous ne voulez pas vous en charger, ne prenez pas un Berger
Allemand, il sera malheureux.
Ce qui ne signifie pas qu'il doit être obligatoirement une
"bête de dressage", que les relations avec lui excluent
tendresse et douceur, bien au contraire !
Le
berger allemand est un chien exemplaire dans le domaine
professionnel et sportif, et sa réputation n'est plus à faire dans
ce domaine : chien de décombres, chien d'avalanche, chien
démineur...
Toutefois
il sait aussi l'être en tant que chien de compagnie. Il peut vivre
très bien loin des podiums et sans l'expérience d'exercices de
haut niveau, il est heureux dès lors qu'il partage le quotidien
de son maître.
A
ce titre rappelons une citation du capitaine Von Stephanitz, le
fondateur de la race:
"Veillons tous à ce qu'aucun chien de berger allemand ne soit
dressé ou ne vive d'une manière inconvenante ou contraire à sa
nature. Tout au contraire, aidons-le à obtenir la possibilité de
travailler et de recevoir une éducation. Que les maîtres ne
rabaissent pas leur chien à n'être plus qu'un matériel de sport,
mais qu'ils le fassent accéder au rang de membre de leur
famille."
Sa
fonction première est d'ailleurs d'être le chien de la famille,
le compagnon de tous les jours et de tous les instants. Il possède
toutes les dispositions requises pour s'y adapter sans difficulté:
caractère équilibré, douceur, patience, discrétion et dispense
à tout va amour, gaieté et fidélité à toute la maisonnée.
A
la maison, l'apprentissage de la hiérarchie et du respect doit se
faire dès son plus jeune age. Il faut savoir rester ferme mais
juste. Il comprend vite et ne demande qu'à apprendre.
Son environnement compte beaucoup, il doit y trouver un équilibre.
Exigeant sur le plan affectif, il aime qu'on le sollicite, qu'on
joue, qu'on le caresse, il apprécie d'être mis à contribution et
d'avoir un rôle à jouer pour se sentir membre de la famille à
part entière.
Avec les enfants de la famille il sera attentif et protecteur. Une
très grande complicité pourra naître entre eux en apprenant à
l'enfant dès le plus jeune âge le respect de l'animal et ses
besoins. Une fois ces notions de respect acquises le chien et
l'enfant pourront devenir les meilleurs amis du monde.
La
faculté d'adaptation du berger allemand lui permet de suivre ses maîtres
où qu'ils aillent.
La vie en appartement ne le rebute pas à condition de le sortir
souvent et de ne pas se contenter du tour de pâté de maisons mais,
au contraire, de faire de longues promenades avec lui pour le dépenser
physiquement en le faisant marcher et courir dans les parcs et forêts
ou à travers champs.
De même, un berger allemand en pavillon ne s'épanouira pas si il
reste cloisonné dans le jardin privé de grandes sorties.
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